Institut d'étude marketing AUDIREP

« Démystifier, former et avancer par étapes :
les clés pour adopter l’IA »

Trois questions à François Le Corre, Round Data

Article Typologie Audirep Avril 2025
 
Consultant spécialisé en data et intelligence artificielle, François Le Corre accompagne de nombreuses entreprises dans leur stratégie autour de l’IA. Pour Audirep, il a réalisé un diagnostic et accompagne nos actions pour intégrer ces outils de manière efficace et responsable. Il partage sa vision des enjeux et des bonnes pratiques pour une adoption réussie.


 

 

Quelles problématiques observez-vous dans les entreprises autour de l’adoption de l’IA ?

« La plupart des entreprises sentent que l’intelligence artificielle est en train de transformer leur secteur, mais elles n’ont pas toujours une vision claire de ce qu’elles peuvent en faire concrètement. Elles voient des démos, entendent parler d’outils révolutionnaires, mais se demandent par où commencer et jusqu’où aller. Je les aide à remettre les choses en perspective : ce qui est techniquement faisable, ce qui est pertinent pour leur activité et ce qui peut générer de la valeur rapidement.

J’entends beaucoup de fantasmes, entre la surestimation des capacités actuelles de l’IA et la sous-exploitation par peur ou par manque de moyens. Dans les deux cas, le risque est le même : passer à côté des vrais leviers d’efficacité. L’IA est avant tout un formidable assistant, qui peut faire gagner du temps, fiabiliser certains processus, améliorer l’expérience client, mais qui ne remplace pas l’expertise humaine.

En marketing, par exemple, les applications sont nombreuses : automatiser la génération de contenus, prédire des comportements, personnaliser les interactions avec les clients, optimiser les ventes ou améliorer des parcours clients… Tout le processus peut être augmenté grâce à l’IA. Mais il faut le faire avec méthode, étape par étape, et toujours en gardant le contrôle sur ce qui est produit. Par ailleurs, la qualité de la data est essentielle, sous peine de voir l’IA atteindre rapidement ses limites. »

Quel est le principal frein à l’adoption ?

« Le premier frein, c’est la peur : de l’inconnu, de perdre la maîtrise, des coûts que cela peut représenter. Dans beaucoup d’entreprises, on entend : “On a toujours fait comme ça”, ou bien “Que se passera-t-il si la machine se trompe ?”. Mais le véritable risque, c’est surtout de ne rien faire alors que les concurrents avancent.

Pour dépasser ces blocages, je recommande toujours de commencer petit : on ne transforme pas une entreprise du jour au lendemain. Il faut tester des cas d’usage ciblés, mesurer les résultats, prouver l’intérêt. Cela permet de rassurer les équipes, de montrer des gains rapides et concrets. Autre point essentiel : la pédagogie. On ne peut pas imposer l’IA aux collaborateurs sans explications. La formation est indispensable pour expliquer comment fonctionne l’outil, ce qu’il fait, ses limites. Mieux les salariés comprennent le fonctionnement de l’IA, plus ils en voient l’utilité et moins ils la redoutent. »

Quelles bonnes pratiques pour une IA responsable et efficace ?

« La première bonne pratique, c’est d’avancer par étapes : on commence par des expérimentations, on mesure l’impact, on ajuste, et seulement ensuite on déploie à plus grande échelle. Vouloir aller trop vite crée des déceptions et des résistances. En parallèle, il est important de mettre en place une animation continue : partager les retours d’expérience, organiser une veille technologique, tester les nouveautés. L’IA évolue trop vite pour qu’on puisse se contenter d’un projet ponctuel. Cela doit devenir une dynamique permanente et collective.

J’insiste encore sur la formation : former aux usages, mais aussi aux impacts environnementaux, à la compréhension des algorithmes, à la manière dont les outils fonctionnent réellement. Utiliser l’IA de façon responsable, c’est aussi comprendre son empreinte énergétique, ses efforts sociétaux ou encore les risques de désinformation.

Enfin, sur le plan réglementaire, l’AI Act apporte un cadre clair, ce qui est une très bonne chose. Les entreprises doivent intégrer cette dimension dès le départ : transparence, sécurité des données, éthique… l’adoption de l’IA ne peut pas se faire sans un cadre de confiance. »

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